Déclaration de politique générale de la CIUTI
De nos jours, l’anglais est la lingua franca mondiale et la technologie pourrait apporter des solutions instantanées pour surmonter les barrières linguistiques, ce qui pousse à croire que la traduction et l’interprétation sont vouées à disparaître et que les traducteurs et les interprètes sont des espèces en voie de disparition. Il s’agit pourtant d’une idée fausse : dans un monde de plus en plus globalisé et inclusif, la traduction, l’interprétation et les professions linguistiques connexes sont plus essentielles que jamais.
Pour assurer la communication, parce que tout le monde ne parle pas anglais. À une époque où la liberté de circulation et les migrations mondiales ont multiplié les possibilités et les besoins d’interaction entre des personnes d’origines linguistiques et culturelles différentes, seuls des professionnels des langues correctement formés peuvent garantir une communication sans erreur et sans risque entre les langues et les cultures.
Pour une communication de qualité, car les lingua franca ont toujours existé. Mais communiquer dans une langue qui n’est pas sa langue maternelle implique inévitablement des limites et des difficultés d’expression et de compréhension. Les traducteurs, interprètes et autres linguistes qualifiés sont les seuls à pouvoir y remédier car la technologie est incapable de gérer la communication incroyablement riche, complexe et culturellement enracinée entre les individus et les communautés humaines.
Pour éviter les dangers du monolinguisme. La production et la communication de connaissances dans une seule langue comporte le risque d’imposer une monoculture qui ne reflète pas les diversités épistémologiques incarnées par le multilinguisme. En ne travaillant qu’avec des langues rentables, la technologie renforce le monolinguisme, alors que les traducteurs et interprètes professionnels, maîtres d’une variété de langues, permettent d’éviter un tel risque.
Pour mettre en œuvre et jouir de droits. La langue peut entraver l’accès aux services publics pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue du pays qui les accueille. Cela concerne tout particulièrement les domaines sensibles tels que la justice et les soins de santé. Les traducteurs et interprètes qualifiés sont indispensables pour garantir la protection des droits de l’hommes inscrits dans le droit international. De plus, les solutions purement technologiques, proposées par les entreprises privées qui stockent les données à leurs propres fins, sont susceptibles de présenter des risques supplémentaires pour la confidentialité et le respect de la vie privée.
Il est donc primordial de préserver la qualité des professions liées aux langues ainsi que celle des formations fondées sur la recherche, dispensées par les institutions accréditées.
L’avenir pourra apporter de nouveaux changements, notamment au niveau du développement technologique. Cependant, peu importe l’impact qu’auront ces technologies, elles ne pourront jamais remplacer la valeur ajoutée humaine. Il y aura toujours un besoin de services liés à la traduction et à l’interprétation et par conséquent de personnes compétentes capables d’y répondre avec empathie, créativité, adaptation et éthique.
Bien qu’indispensable, la maîtrise des langues est insuffisante pour traduire et interpréter. Seuls les professionnels dûment formés et qualifiés possèdent les compétences et aptitudes hautement spécialisées qu’exigent ces domaines. Étant donné l’importance de la traduction et de l’interprétation au niveau social et économique, les professionnels compétents devraient être les seuls à pratiquer ces activités.
Bien que les traditions, les circonstances et les exigences varient d’un endroit à un autre, la formation en traduction, en interprétation et dans d’autres professions linguistiques, tant au niveau du premier ou du troisième cycle universitaire, est guidée par des normes rigoureuses et fondée sur des modèles communs de compétence et de recherche. Les autorités éducatives ont tout intérêt à promouvoir et à soutenir les départements et les instituts de traduction et d’interprétation, qui fournissent les instruments techniques et culturels essentiels dans la formation de personnes capables de répondre à un besoin aussi spécifique de la société. Cela s’applique autant à la recherche qui étaye la formation qu’aux technologies qui aident et soutiennent les traducteurs, les interprètes et les professionnels des langues dans leur travail.
Trois principes majeurs guident les universités du monde entier : la formation, la recherche et le service à la société. Ces principes peuvent être appliqué aux domaines de la traduction et de l’interprétation, deux disciplines académiques promouvant une pratique professionnelle de qualité.
Fondée en 1960, la CIUTI est passée d’une organisation basée en Europe à une association internationale comptant plus de 50 membres répartis à travers le globe. Elle a pour mission de promouvoir la qualité et l’excellence dans la formation et la recherche en traduction, en interprétation et dans les autres disciplines qui y sont liées.